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Nathanaël Negroni
Principal Consultant
Quand j’ai débuté ma carrière dans le conseil digital il y a 8 ans, ma première mission avait tourné autour du déploiement d’un PIM dans le cadre d’un gros projet de transformation et de replatforming chez un important retailer DIY. À l’époque, nous avions dû, mes collègues et autres membres de l’équipe projet, essuyer les plâtres d’un outil encore « jeune » et peu répandu dans les organisations.
Huit ans plus tard, je constate que ZeTrace est encore régulièrement sollicité pour accompagner nos clients dans les « optimisations » liées à cet outil, ou bien pour la mise en place d’un PXM en lieu et place de PIM. Donc ça m’a intrigué. Déjà, quelles sont les problématiques près d’une décennie plus tard ? Et quelle est la vraie différence entre PIM et PXM ?
Je suis donc allé à la rencontre de mes collègues qui interviennent ou sont intervenus sur ces missions. Et force est de constater que les problèmes rencontrés sont toujours les mêmes. Même topo. Même sueur. Même erreurs. Et qu’avant de penser à un PXM (même s’il s’agit d’un joli nom fancy pour des fonctions déjà attendues il y a 8 ans pour un PIM), il y a parfois quelques fondations à revoir. Pour éviter à ceux qui se lanceraient maintenant (coucou les acteurs du B2B) et à ceux qui reprendraient les bases de ne pas reproduire les mêmes galères :) Au risque d’enfoncer quelques portes ouvertes…
1. Avoir une vision long terme pour votre PIM
Alors que par essence, le PIM est un outil qui a trouvé son marché au moment de l’essor de l’omnicanalité chez les retailers, il est trop souvent pensé monocanal. Pourquoi ? Parce que les entreprises vont souvent trop vite. Le projet PIM est rarement une initiative isolée : il est lancé en parallèle d’un nouveau site e-commerce, d’un CRM, ou d’un outil de pricing. Et dans ce millefeuille de priorités, l’approche est pragmatique (souvent à raison), mais court-termiste. On pense au canal prioritaire, et basta.
Puis le jour où on veut activer un nouveau canal, c’est la douche froide. Le modèle de données n’est pas prêt. L’info n’est pas structurée pour ce canal. On crée des catégories « fourre-tout » à la va-vite pour faire passer un flux. On développe des contournements dans le mapping. Et, in fine, on finit par désorganiser la logique même de l’outil. On a vu des équipes créer des « fiches fake » dans le PIM, juste pour forcer une intégration dans un outil tiers. Évidemment, ça pète à la première évolution du canal.
Traitez le PIM comme une brique fondation de votre écosystème IT. Même si c’est moins sexy à vendre en comité de pilotage, prenez le temps d’anticiper les cas d’usage long terme, même (surtout) si vous ne les activez pas tout de suite. 10% de temps passés en plus lors de la conception, c’est 50% de galères en moins lors du run :-)
2. Aborder un projet de transformation et non un projet tech
C’est une erreur qu’on voit encore trop souvent : aborder le projet PIM comme un projet d’intégration “classique”. On pense connecteurs, flux, développement de mappings. Sauf que le cœur du sujet, ce n’est pas la tech – ou en tout cas, pas seulement.
Un projet PIM est avant tout un projet d’architecture fonctionnelle et de transformation métier. On touche à la façon dont l’entreprise pense, structure et partage sa donnée produit. Et ça, ce n’est pas un chantier technique – c’est un chantier d’alignement, de clarification des rôles, …
On parle souvent de gouvernance des données : elle ne se décrète pas avec un Gantt. Il faut embarquer les métiers, revoir des processus, repenser les rôles de chacun dans la chaîne de valeur produit. Et il faut accompagner le changement, parce que ça modifie les habitudes.
En résumé : ce n’est pas un projet “IT avec un peu de métier”. C’est un projet métier avec une couche IT pour le soutenir. Et la réussite dépend très souvent de cette inversion de perspective.
3. Penser à toutes les sources de données et méthodes d’acquisition associées
Une erreur classique : imaginer qu’on dispose déjà de toutes les données qu’on va injecter dans le PIM. Spoiler : ce n’est jamais le cas.
Dans les faits, une partie vient du fournisseur, une autre du marketing, une autre du réglementaire, et une dernière de… nulle part. Et c’est là que ça coince. L’enjeu n’est pas juste de récupérer l’info, mais de la structurer à la source, d’outiller les interlocuteurs pour qu’ils puissent la produire au bon format, et surtout, d’automatiser les flux autant que possible.
On a eu un client qui a découvert, en plein projet de mise en ligne d’un nouveau canal, que 70 % de ses fournisseurs ne fournissaient pas la donnée logistique détaillée (colisage, poids, dimensions). Résultat : rafale de mails en urgence, fichier Excel partagé sur Teams, appels dans tous les sens, et des erreurs de saisie à la pelle. Ce genre de chose s’anticipe. Et un bon onboarding fournisseur peut faire gagner des mois.
4. Éviter la donnée chaude dans le PIM
La tentation est grande de tout faire rentrer dans le PIM. Mais soyons clairs : ce n’est pas un MDM.
Le PIM n’est pas fait pour gérer les infos de stock, de prix, ou d’éligibilité commerciale. Encore moins pour faire de la logique d’offre ou de personnalisation. Ce sont des données dynamiques, volatiles, souvent mises à jour plusieurs fois par jour. Le PIM n’a pas été conçu pour ça, ni en termes de fréquence, ni en termes de responsabilité.
Donc on fait quoi ? On assemble les infos à la sortie, côté front : infos produit du PIM + média du DAM + offre/stock de l’ERP = la page produit. Et si on veut aller plus loin, avec du contextualisé, on rajoute un moteur d’expérience (PXM ou autre).
On a vu trop de projets où le PIM était tordu dans tous les sens pour stocker du prix, de la donnée client, voire des logiques de merchandising. Résultat : ni fait ni à faire. Un PIM bien utilisé est un PIM qui sait dire non.

5. Former les contributeurs aux produits
Sujet souvent sous-estimé, parfois relégué à la dernière phase projet : la formation des contributeurs.
Qui remplit le PIM ? Souvent quelqu’un qui ne connait par le produit…Intégrer la donnée produit, ce n’est pas juste remplir un formulaire. C’est comprendre la finalité de chaque champ, savoir reconnaître une incohérence, identifier ce qui manque. Et pour ça, il faut un minimum de connaissance produit.
Trop souvent, on délègue ça à des profils juniors ou externes, sans transmission métier. Résultat : des fiches incomplètes, des erreurs sur des attributs critiques (type allergènes, compatibilités, certifications), et in fine, un risque légal ou réputationnel pour l’entreprise.
Et au-delà de la formation initiale, il faut mettre en place un vrai dispositif de qualité de la donnée. On ne peut pas espérer des contributeurs qu’ils fassent bien, seuls, dans un coin. Il faut des contrôles, des workflows, des KPIs de complétude. Ce n’est pas du contrôle, c’est de l’assurance qualité.

BONUS : Quid du reconditionné ?
Petit aparté pour les acteurs qui se lancent dans l’économie circulaire – sujet de plus en plus présent chez nos clients. Le reconditionné est un produit unique, ou en tout cas un produit unitaire avec des spécificités liées à son état. Ce n’est pas un produit standardisable. Donc non, ça ne rentre pas dans le PIM sans effort majeur.
Ce dont on parle, c’est souvent d’un moteur à part – parfois une brique d’offre, parfois un moteur de scoring ou de qualification, parfois même un mini ERP secondaire. Il faut pouvoir gérer des photos spécifiques par unité, un grade (état A, B, C…), une traçabilité (date d’entrée, réparations, certificat…). Et en général, ça fait exploser le modèle du PIM si on essaie de tout y faire rentrer.
Il faut donc penser architecture globale, et ne pas forcer le PIM à absorber ce qu’il n’a pas vocation à gérer. Sinon, on passe plus de temps à le contourner qu’à l’utiliser.
En conclusion : avant de penser expérience, pensez fondations.
Le PIM n’est pas (ou plus) une nouveauté, mais sa bonne mise en œuvre reste un chantier complexe. Le PXM arrive avec des promesses séduisantes… mais sans des bases solides, il ne fera qu’embellir des données bancales.
Si vous êtes en train de vous équiper, ou que vous sentez que votre PIM ne tourne pas rond : on peut en parler. Chez ZeTrace, on adore plonger les mains dans la donnée, poser les bonnes questions, et faire en sorte que les équipes (et les outils) bossent mieux ensemble.

Nathanaël Negroni
Principal Consultant